L’année 2020 a plutôt bien commencé pour toi avec la qualification pour les JO de Tokyo. Tu réalises encore une très bonne saison en club avec Zaksa Kędzierzyn-Koźle. Comment tu te sens ?
Alors oui, c’est vrai que le début d’année 2020 a été très positif avec cette qualification aux Jeux. Peu de gens pensaient qu’on allait pouvoir le faire avec pleins de problèmes physiques dans l’équipe. Mais on a réussi à décrocher notre ticket pour Tokyo, c’est quelque chose de superbe ! Ma saison se passe très bien avec Zaksa Kędzierzyn-Koźle. On a déjà gagné la Supercoupe de Pologne cette année, on est toujours qualifié en Ligue des Champions (victoire lors du match aller du quart de finale) et on a le Final 4 de la Coupe de Pologne la semaine prochaine. Enfin, on est deuxième du championnat à 1 point de Varsovie qui est premier, donc tout se passe bien pour l’instant dans mon club.
(© Lukasz Laskowski / PressFocus)
Quels sont tes objectifs avec ton club pour la fin de saison ?
Les objectifs du club sur la fin de saison c’est forcément de gagner au moins un autre titre. Que ce soit la Coupe ou le championnat, ou les 2. En ayant gagné la Supercoupe c’est vrai qu’on a déjà un titre cette année mais on a forcément envie de plus. On a une possibilité la semaine prochaine avec la Coupe de Pologne et également avec le championnat en fin de saison. Il nous reste 3 matchs en saison régulière et après on va commencer les Play-Offs. En Ligue des Champions, si on arrive à avoir notre ticket pour la demi-finale ça serait déjà superbe. Et après on devrait jouer contre l’Ogre Perugia qui est favori de cette compétition avec l’autre équipe italienne, Lube Civitanova. Voilà les objectifs de cette fin de saison.
C’est ta cinquième saison en Pologne. Envie de rester ou envie de changement ?
J’ai prolongé en décembre pour une 6ème saison. Je vais continuer l’aventure à Kędzierzyn, on s’y sent bien en famille. Les attentes du club sont hautes, avec la volonté de continuer à gagner des titres. On a un bon équilibre entre la partie sportive pour moi, le fait que le club soit très professionnel et très bien structuré et aussi la vie de famille où on se sent très bien. Le club met tout à disposition pour que l’on se sente bien donc c’était naturel de rester pour une 6ème saison.
« ON A VRAIMENT LA POULE LA PLUS FORTE »
Ça va être ta 2ème participation aux Jeux Olympiques cet été après avoir réalisé un TQO magistral. Comment ne pas refaire les mêmes erreurs qu’à Rio en 2016 ?
Oui ça va être la deuxième fois que je vais participer aux Jeux Olympiques. C’est vrai qu’à Rio on n’a pas réussi à passer cette première poule qui était très compliquée comme ça sera le cas à Tokyo. On a vraiment la poule la plus forte donc l’objectif c’est bien sûr d’en sortir et ensuite tout est possible en quart de finale. C’est une compétition un peu particulière car on a l’habitude dans les compétitions internationales, que ce soit en Championnat d’Europe ou du Monde, de jouer tous les jours. C’est un rythme assez élevé. Là, aux Jeux Olympiques, c’est tous les 2 jours, avec plein de problématiques qui sont différentes. Des transferts pour les centres d’entrainement, pas d’entrainement dans la salle de match car pendant le jour de repos il y a les filles qui jouent,… On y a goûté à Rio, on sera plus prêts je pense pour Tokyo pour réaliser une meilleure performance j’espère.
(© Julien Crosnier)
Tu es capitaine en équipe de France et dans ton club. Est-ce que c’est un rôle qui te tient à cœur ?
C’est vrai que je suis capitaine en équipe de France et dans mon club depuis quelques temps. Je ne sais pas si c’est naturel mais j’ai souvent été capitaine dans les équipes jeunes. Je suis surtout là pour faire la relation entre le staff et les joueurs et apporter maintenant un peu d’expérience et de la bonne ambiance dans le groupe. Et aussi de la sérénité dans un groupe qui vit bien et sur le terrain aussi. C’est comme ça que je le vois surtout.
« ON MÉRITE UNE NOTORIÉTÉ PLUS IMPORTANTE DANS NOTRE PAYS »
Nous avons déjà eu l’occasion de discuter, notamment d’équipements. Comment tu expliques que si peu de joueurs de volley soient sponsorisés par de grandes marques ?
Dans le volley il y a très peu de joueurs qui sont sponsorisés par des grandes marques. Je pense que ce n’est peut être pas dans les habitudes des marques de sponsoriser des joueurs de volley. C’est dommage car on commence à avoir une notoriété assez intéressante, même si le fait que pour beaucoup on joue à l’étranger, ça freine peut être certaines marques. Comme le volley est un peu moins médiatisé en France, on est beaucoup de joueurs de l’équipe de France à jouer à l’étranger. Mais je pense qu’on mérite une notoriété plus importante dans notre pays. Surtout que l’on va participer à 2 Jeux Olympiques de suite (3 avec Paris 2024) avec le volley-ball français, donc on doit gagner en notoriété dans le pays et je pense que ça passe par des sponsors.
Comment toi tu gères tes équipements ? C’est toi qui t’achètes tes propres chaussures ?
En effet j’ai quelques modèles préférés. J’ai envie de bien me sentir dans mes chaussures donc je me les achète.
(© Zaksa Kędzierzyn-Koźle)
Est-ce que tu penses que votre présence aux JO peut permettre aux marques d’avoir de la visibilité ?
J’espère ! J’espère que notre présence aux Jeux Olympiques va attirer des marques, que plus de joueurs aient des sponsors. C’est vrai qu’en France c’est très compliqué car il y a des sports collectifs qui sont très forts et plus médiatisés comme le foot, le rugby, le handball ou le basket. Pour nous c’est un peu dur de se faire une place. Mais je pense qu’on commence à avoir une notoriété, comme je l’ai dit, assez importante. Donc j’espère que cette qualification aux Jeux Olympiques va ouvrir des portes à des possibles sponsors pour le volley français en général. Pas forcément que pour les joueurs, mais pour l’équipe de France, pour les clubs,… car je pense que c’est important.
Quel est ton intérêt vis-à-vis des équipements ? Est-ce que c’est important pour toi ou est-ce que tu n’y prête pas trop attention ?
C’est important parce que ça fait parti du sportif. J’ai connu des contrats avec certaines marques de chaussures pour des équipes nationales ou des clubs par exemple. Et je pense que la chaussure ça doit être quelque chose d’assez personnel car chaque joueur est différent et a besoin d’une chaussure différente. C’est important de laisser un joueur un peu libre en terme de chaussures. Après il y a des joueurs qui ont besoin de jouer avec des manchons au niveau des bras, d’autres avec des manchons aux mollets (comme moi par exemple). Il y en a qui jouent avec des shorts de compression pour les quadriceps et les ischios, des sous-maillots,… Les équipements du sportif sont toujours importants pour bien se sentir au quotidien, pendant les entrainements. La récupération est également essentielle désormais, avec des collants de compression à mettre après les gros entrainements, ou encore des chaussettes de récupération pour les voyages. Donc c’est vrai que beaucoup d’équipements sont importants maintenant pour le sportif, pour qu’il soit plus performant chaque jour.
Est-ce qu’il y a une ou plusieurs marques avec qui tu aimerais vraiment travailler ?
Personnellement, j’aimerai bien sûr représenter des marques et des sponsors. Ça ne me déplairait pas, pour qu’on parle plus de notre sport parce que c’est comme ça qu’on peut en parler. Après voilà, ce n’est pas courant dans le monde du volley. Le fait d’être à l’étranger, ça freine quelques marques, sociétés ou sponsors d’être partenaires de sportifs. En tout cas que ça me ferait évidemment très plaisir de représenter une marque ou une société dans un partenariat.
Qu’est-ce qu’il y a dans le sac de sport de Benjamin Toniutti ?
Alors… Qu’est ce qu’il y a dans le sac de Benjamin Toniutti ? (Rires) C’est vrai que ça dépend un peu parce qu’en club j’ai tout dans mon casier dans mon vestiaire. En règle générale, quand je vais en équipe de France, j’ai ma paire de chaussures, mes manchons mollets pour jouer, mes affaires de rechange après ma douche et souvent un rouleau ou une boule de massage pour me masser avant et après l’entrainement. Donc voilà un peu le sac à dos de Benjamin Toniutti.
Quelles sont les 3 paires de chaussures que tu as le plus appréciées lors de ta carrière ?
Les 3 paires de chaussures que j’ai vraiment adorées :
Il y a celle que je porte en ce moment : les adidas Crazyflight, Mid ou basses. Là j’ai le dernier modèle qui est vraiment superbe.
(© Lukasz Laskowski / PressFocus)
Il y a eu aussi le premier modèle des Nike Hyperattack. En plus il y avait une version sympa bleu/blanc/rouge. Elles ont fait fureur en équipe de France, on était beaucoup à les avoir.
(© Instagram ben_toniutti)
Enfin il y a eu une autre paire d’adidas que j’ai beaucoup aimé, les Crazy Light Boost, que j’ai porté lors de la VNL à Lilles en 2018.
(© Julien Crosnier)
C’est vraiment ces 3 modèles que j’ai en tête : Deux modèles adidas et un modèle Nike qui sont vraiment au top pour le volley.
« C’EST IMPORTANT AUSSI DE FAIRE PLAISIR »
Est-ce que tu conserves les maillots avec lesquels tu as joué, et si oui lequel a le plus de valeur pour toi ?
Oui je garde toujours des maillots en fin de saison, que ce soit en équipe de France ou en club, comme souvenirs. En règle générale je garde un maillot avec lequel il y a eu un titre que ce soit en club ou en équipe de France. J’ai un beau souvenir chez moi : c’est un fauteuil fait par ma grand-mère avec un maillot de l’équipe de France, celui de 2015 avec lequel on a gagné la Ligue Mondiale et l’Euro. Ça c’est vraiment un beau souvenir, quelque chose qui est très important pour moi. Et après j’ai gardé des maillots de mon club avec lesquels on a gagné les titres de Champions de Pologne, des Coupes, etc… Bien sûr que c’est beaucoup de souvenirs mais il y a beaucoup de maillots aussi que j’ai donné à des fans, à des amis, et à quelques sponsors parce que c’est important aussi de faire plaisir.
Pour conclure, des futurs projets à venir ?
Mes futurs projets c’est de bien finir la saison avec mon club, de rester en bonne santé et ensuite de me préparer du mieux possible pour les Jeux Olympiques. C’est quelque chose qu’on ne vit pas souvent, donc il faut bien en profiter et surtout essayer de faire un bon résultat. Et j’espère aussi gagner encore quelques titres en club cette année, au moins un. Et après continuer à gagner des titres, que ce soit avec l’équipe de France et en club dans le futur parce que je pense que c’est important. Et personnellement aussi, continuer à voir grandir mes filles, partager du temps avec ma famille, ma femme, mes amis, mes parents, mon frère, ma soeur. Pendant une carrière on est très tourné vers le sport mais il faut penser aussi à la famille et à partager ces moments là avec eux car c’est important.
(© Julien Crosnier)
Un immense MERCI à Benjamin Toniutti pour cette entrevue. On lui souhaite une année 2020 pleine de titres et on espère une médaille Olympique !
(L’interview a été réalisée le 5 mars 2020. Depuis Benjamin et son club de Zaksa Kędzierzyn-Koźle se sont inclinés lors du quart de finale retour de Ligue des Champions et sont donc éliminés. Le match s’est déroulé à huis-clos à cause du Coronavirus. Et le Final4 de Coupe de Pologne qui doit se dérouler ce weekend risque fortement d’être annulé.)
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